Comment mettre de la soul dans du reggae

Tout d’abord mettons les choses au clair, quand je parle de soul, je parle bien sur de soul music que l’on appelle aussi parfois R&B et quand je dis R&B je parle de rythm and blues bien sûr, pas de l’immonde soupe vaguement pop qu’on nous sert sur les ondes : ça c’est du « aouanbi « . (un truc qui a ses adeptes et sa vie propre mais qui n’a plus grand-chose a voir le rythm and blues), Le R&B disais-je, c’est la musique afro-américaine pour employer le terme politiquement correct, (noir c’est un gros mot), dont les plus illustres représentants vont de Otis Redding à Marvin Gaye en passant par Sam Cooke jusqu’à Robert Cray. Ceci étant posé revenons à nos moutons, pour mettre de la soul dans le reggae, tout d’abord il vous faut être jamaïcain, ce n’est pas que ça ne marchera pas si vous ne l’êtes pas mais la jamaïcainité ça aide quand même beaucoup, d’abord parce que le reggae a été inventé la bas et que les jamaïcains en connaissent toutes les subtilités, et en outre les jamaïcains et les noirs américains ont une histoire similaire (esclavage tout ça) et à mon avis ressentent un peu les choses de la même manière (oui c’est de la psychologie de comptoir mais ça sert mon propos alors pourquoi m’en priverais-je ?).

Vous voulez donc mettre de la soul dans du reggae et vous êtes jamaïcain : deux solutions s’offrent à vous.

Vous vous appelez Gramps Morgan, vous faites partie de Morgan Heritage, un des plus grand groupe de reggae actuel, vous avez une voix de crooner et vous savez composer des chansons, alors vous en écrivez une que vous intitulez « Someone Like You » et vous en faites en tube en toute simplicité comme vous pouvez en juger ci-dessous. Alors oui les esprits chagrins ne manqueront pas de me tomber sur le dos en me disant « mais ce n’est pas du reggae« , « vous trichez un peu quand même » et d’autres remarques acides du même genre : je leur répondrais que ceci est mon blog, je mène mes posts comme je l’entends et que le principal c’est la chanson, taisez-vous et profitez un peu de la musique.

Si vous n’êtes pas comme Gramps Morgan la deuxième solution, qui d’ailleurs chronologiquement est la première, c’est d’avoir grandi en Jamaïque en étant bercé par la soul nord-américaine, et comme c’est la deuxième solution il nous faut deux protagonistes : Michael « Ibo » Cooper et Stephen « Cat » Coore. Après avoir un temps étudié la musique classique (respectivement le piano et le violoncelle), nos deux larrons vont monter un groupe de reggae avec des amis, le dit groupe étant nommé Third World et vont êtes suffisamment bon pour faire avec les Wailers la première partie du show des Jackson Five au Jamaica National Stadium en 1975. Après ces débuts remarqués ils sortent un premier album en 1976 intitulé sobrement Third World, sur lequel on retrouve notamment une reprise de Satta Massagana, un standard jamaïcain.

En 1978 l’affaire se corse, c’est la parution du troisième album « Journey to Addis » avec la chanson qui nous intéresse aujourd’hui « Now that we Found Love« , qui va devenir un des plus grands tubes du groupe (n° 10 au Royaume-Uni) et qui est une reprise du tube du même nom des O’Jays paru en 1973 sur l’album « Ship Ahoy ».

L’original

La reprise (ma version préférée est celle qui se trouve sur l’album live « Prisoner In The Street » sorti en 1980)

Comme beaucoup de groupes de reggae Third World à eu un peu de mal à passer les années 80 à cause de certains errements musicaux, causés entre autres par le succès planétaire du « Reggae Night » de Jimmy Cliff, chanson qui a peut être fait la fortune de certains mais qui a fait beaucoup de mal au reggae qui avait déjà du mal à se remettre du décès de la première superstar du genre, mais ça c’est une autre histoire que je vous raconterai peut être un jour.